En cette période de crise, les petites et moyennes entreprises traversent des temps difficiles. Qu’elles assistent à un fort déclin de leur chiffre d’affaires ou qu’elles aient cessé toute activité, elles se voient menacées de se retrouver en manque de liquidités.
L’accès des PME en Tunisie au financement est à un niveau alarmant. Au moment où on aspire à une meilleure dynamique de croissance dans les années à venir, 11.000 PME en Tunisie représentant le 2/3 des activités économiques du pays ne totalisent que 15% des concours bancaires.
Selon une enquête sur “l’accès de la PME au financement en Tunisie ”, 71,8% des dirigeants de PME se disent “insatisfaits” du financement de leurs entreprises , contre 22,9% qui ont exprimé leur satisfaction des mécanismes de financement en place.
Cette problématique peut être résumée en 4 points :
1- défaut de garantie;
2-faible structuration des dossiers de demande de financement ;
3-faiblesse des fonds propres ;
4-conditions de financement (taux d’intérêt, apport) prohibitives.
Outre ces problèmes structurels, les PME ressentent, actuellement , la sélectivité bancaire à plusieurs niveaux :
– Une sélectivité sectorielle : la promotion immobilière, le tourisme, le textile…
– Une sélectivité par les règles prudentielles
– Une sélectivité par le risque
La conjoncture actuelle comporte, aussi, d’autres facteurs tel que la montée des pressions inflationnistes qui menacent la compétitivité des PME tunisiennes.
Le resserrement des conditions de financement est susceptible d’avoir un plus grand impact négatif sur les entreprises les plus dépendantes du financement externe, en particulier les PME, alors que les grandes entreprises ont plus de facilités à se financer sur les marchés et à conserver la confiance des banquiers.
Il est susceptible d’engendrer une augmentation des défaillances d’entreprises et une aggravation du chômage puisque les PME constituent le vivier de l’emploi ,en plus de la répercussion sur l’état d’esprit des chefs d’entreprise qui commencent à faire face à un véritable assèchement financier, qui risque de les asphyxier et de compromettre la pérennité de leurs activités d’exploitation.
C’est en ce sens qu’un «new deal» est souhaitable . Les pouvoir publics ont un rôle central à jouer en envoyant des signaux clairs.
Ce «new deal» passe par des moratoires pour les secteurs sinistrés. Mais il passe aussi par une politique incitative à la constitution de fonds propres
Les banques, quant à elles, doivent proposer de vraies compétences d’accompagnement des entreprises, cet appui a un effet positif sur le développement et la rentabilité, surtout, des jeunes entreprises.
Mohsen Hassen
Ancien ministre du commerce